Une action sociale manquée… et à quel prix !

Le P. Quintard écrivait : « L’action sociale du missionnaire est la mise en pratique de l’amour qu’il prêche ».

Nous sommes en juillet 1965 : deux villages chrétiens des plus reculés ont décidé, sur les instances du P. Quintard, d’abandonner un peu les rizières sur brûlis pour passer à la culture du coton. Il obtient du Centre agricole de Sukhothai les semences qui vont bien et entreprend de les livrer sur place. « La réussite permettra de relever leur niveau de vie et celui de tous les montagnards ».

Pour gagner les villages, il faut descendre en convoi la Mae Moei de Maesot à Maetan… un jour et demi de navigation ! Le second jour, à la tombée de la nuit on n’est toujours pas arrivé à l’endroit prévu : « Nous passons la nuit dans une cabane vide. Nous n’avions pas de provisions avec nous, nous n’avons donc pas mangé ce soir-là ni le lendemain matin ». Nouvelle difficulté : un bateau du convoi n’a pas rejoint, on part à sa recherche et il ne rejoint que vers sept heures du soir : « Une journée de plus sans manger ». Le quatrième jour, dès l’aube les bateaux reprennent leur descente vers Maetan mais la pluie tombe sans arrêt. Le P. Quintard et ses deux catéchistes tentent de poursuivre à pied : « Au bout d’une journée nous sommes obligés de retourner sur nos pas. L’eau est trop forte et trop haute. C’est avec regrets que nous reprenons le chemin de Maesot ». Last but not least : « La pluie tombant toujours, les bateaux n’allaient plus à Maesot, c’est à pied que nous rentrons : trois dures journées ».

« Nous avions fait un voyage pour rien, la semence de coton était encore avec nous. Cette année encore les Karens n’auront pas la nouvelle semence qui aurait peut-être été l’aube d’un espoir. » On comprend que dans la bouche du Pado Quintard, le mot de semence ne désigne sans doute pas que les graines de coton….

Karens en bord de rivière

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